Jouant de sa lame comme d’un levier, il le fit céder et le coquillage s’ouvrit. Les lèvres de chair se crispèrent puis se détendirent. Kino souleva le repli et la perle était là, la grosse perle, parfaite comme une lune. Elle accrochait la lumière, la purifiait et la renvoyait dans une incandescence argentée. Elle était aussi grosse qu’un neuf de mouette. C’était la plus grosse perle du monde.
C’est l’histoire de Kino,un jeune pêcheur indien qui a une petite famille : sa femme Juana et leur jeune fils Coyotito. Un beau jour, Coyotito se fait mordre par un scorpion. Le médecin de la ville refuse de le soigner car ils n’ont pas grand chose pour payer. Juana et Kino prient alors les Dieux afin de tomber sur une grosse perle qui leur permettrait de payer les soins. Leur voeu s’exauce mais le malheur ne tardera pas à tomber sur la famille.
Il ne faut que quelques pages, que dis-je, que quelques lignes pour s’identifier pleinement aux personnages. La piqûre de scorpion arrive dès les premières pages et pourtant, à ce moment là, j’étais déjà tellement attachée à cette petite famille toute simple que je ne pouvais que suivre leur histoire jusqu’au bout avec avidité. Je pense que c’est la grande force de l’écriture de Steinbeck, l’attachement est immédiat.
Dans ce petit livre, il nous montre la cruauté de l’humanité. La jalousie, les mensonges, l’escroquerie, la tragédie… Voilà les thèmes de ce roman. Tout le monde veut s’emparer de la magnifique perle de Kino. Au lieu de se réjouir que cet homme si humble qui a trimé toute sa vie puisse enfin en profiter un peu, la jalousie va s’emparer de ses pairs au village mais également des êtres plus puissants de la ville toute proche. Mais Kino veut aller jusqu’au bout, il ne lâchera pas sa perle qui est pour lui une porte vers le salut, un accès à la scolarité pour Coyotito lorsqu’il sera plus grand et également le moyen d’épouser dans les règles sa merveilleuse femme Juana.
La plume de Steinbeck est toujours aussi poétique. En peu de mots, il arrive à nous décrire les sentiments des personnes et les paysages dans lesquels ils évoluent. C’est vraiment un conteur né pour moi.
Avec cette histoire, John Steinbeck nous offre encore un roman poignant, incroyablement tragique et addictif. Il est vraiment en passe de devenir mon écrivain américain favori. Et si vous ne l’avez pas encore découvert, il est plus que temps que vous lisiez Des souris et des hommes.
Mon seul regret est que la couverture date un peu et n’est pas super jolie. Il serait temps que Folio fasse de nouvelles éditions de ses romans car beaucoup datent des années 70 et risquent de ne pas interloquer les lecteurs les plus jeunes alors que c’est un excellent auteur.
Kino s’était réveillé à la pointe de l’aube. Les étoiles scintillaient encore et le jour ne s’annonçait que par une faible lueur délavée sur l’horizon, à l’est. Les coqs chantaient depuis quelques instants et les cochons matineux avaient déjà entrepris les incessants fossoyages dans les buissons et le taillis, à la recherche d’une nourriture oubliée de la veille. Dans le fourré de figuiers d’Inde, devant la hutte, une nichée d’oisillons gazouillaient et agitaient leurs petites ailes.
D’autres avis : Flo_boss, Véro, Praline, Boubou