Même si j’aime participer aux réflexions concernant l’édition sur les médias sociaux, il est rare que j’en parle ici, sur ce blog. Mais voilà, j’ai découvert aujourd’hui ce que je n’hésite pas à appeler une arnaque orchestrée par les éditions 10/18, Pocket, Pocket jeunesse et Fleuve Noir, 3 maisons d’éditions appartenant à Univers Poche. Arnaque est peut-être un mot trop fort en effet mais c’est une question sur laquelle il faut se pencher.
Tout a commencé par une petite visite sur une libraire numérique. Je suis tombée sur un fait étrange : Un roman d’Anne Perry était proposé en version epub à 10,99 €. J’étais pourtant certaine d’avoir aperçu ce livre en format poche en librairie.
Après avoir quelques recherches, je me suis rendue que cette politique était de mise pour tous les formats qui sont à la fois en poche et en numérique chez l’éditeur Univers poche. Par la suite, Audrey m’a informé que la maison d’édition Harlequin agissait également de la sorte.
Je vous conseille donc de faire attention lorsque vous achetez des livres numériques chez ces éditeurs :
– 10/18
– Pocket jeunesse
-Fleuve noir
– Harlequin
– GF (Flammarion)
– Grasset
Le sujet a déjà été traité par ActuaLitté sous le titre : Révolution numérique : L’édition continue de vivre sous l’Ancien Régime.
Quelques exemples pour prouver mes dires !
Je prends ici quelques captures d’écran d’Amazon, tout simplement car il permet de comparer en un instant les poches et les formats numériques. Les prix sont bien sûr les mêmes sur les autres plateformes de vente.
10/18 :
Pour Dochester Terrace d’Anne Perry, la version poche vous coûtera 9,10 € (sans ristourne) et l’e-book 11,99 €.
Plus hallucinant encore, Un safari tout confort d’Alexander McCall Smith est à 7,50 € en poche et 11,99 € en e-book.
Chez Pocket, même rengaine :
L’ouvrage pratique La méthode simple pour aider vos ados à arrêter de fumer d’Allen Car est à 8,10 € en poche et à 9,99 € en e-book.
Et que dire de cette édition de Les Romanesques, tome 16 : Le haras des Baumugnes qui affiche fièrement son prix de 3,50 € sur la couverture alors que l’ebook est à 3,99 €.
Mais chez Pocket jeunesse, ils sont plus éthiques, ils ne vont quand même pas arnaquer de jeunes lecteurs ? Ben si !
La guerre des clans, tome 3 : Les mystères de la forêt est à 7,20 € en poche et à 10,99 € en ebook.
Chez Fleuve noir :
L’épisode le silence des homards de San-Antonio à 6,10 € en poche se retrouve à 6,49 € en ebook.
Audrey du blog Un bout d’ailleurs a noté une autre supercherie de la maison d’édition Harlequin. Le livre La prophétie maudite de P.C. Cast, encore disponible en poche à 7,50 € se trouve à 8,99 € en ebook.
Edit du 22/02 :
La collection GF de Flammarion propose aussi des ebooks plus chers.
6,30 € est le prix du poche.
Mais la version numérique vous en coûtera 6,99 €.
Titoumimi a également remarqué que Grasset proposait King Kong Théorie de Virgine Despentes à 10,99 € l’epub soit 2x cher plus que la version poche (publié chez Le livre de poche) qui coûte 5,00 €. Il a envoyé une lettre à l’éditeur que vous pouvez apercevoir sur le blog d’Aldus. Cette lettre est malheureusement restée sans réponse…
Voilà une histoire que je ne pouvais pas passer sous silence. Si vous connaissez d’autres arnaques, merci de m’en informer (par mail à cheziluze[at]gmail.com ou en me contactant via les réseaux sociaux ou en commentaire de cet article). Je les reprendrai ici pour que tout le monde soit au courant et pour que personne ne se fasse avoir. Merci de diffuser ce genre d’infos, en espérant que les maisons d’éditions changeront leur politique numérique !
La pratique est connue depuis un moment. Je ne vois pas d’arnaque dans la mesure où on peut très facilement comparer les prix (surtout sur Amazon d’ailleurs). Que ce soit inadmissible, que ce soit une très mauvaise politique numérique, ça, pas de doute. Sur ebay on trouve des comportements semblables, des gens qui mettent plus cher que le neuf certaines choses. Il faut se renseigner un peu, c’est tout ^^
Perso je compare toujours les prix. Par exemple en VO je compare plusieurs sites. Et pour le numérique je comparerais toujours au livre papier pour évaluer l’écart entre papier et ebook (même si le prix papier est plus élevé, si l’écart est assez faible, selon le titre je pourrais être tentée de prendre le papier par ex).
J’essaie aussi de comparer les prix mais vu qu’à part pour les utilisateurs de Kindle, je pense que la majorité des e-lecteurs achète via des librairies numériques, ils n’ont peut-être pas toujours le réflexe de comparer avec le prix papier…
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Et il y a des lecteurs qui font le choix du numérique en domaine public et gratuit exclusivement.
C’est mon cas. Pour le reste et les livres récents, je reste au papier échangeable et empruntable à merci, et à la bonne vieille bibliothèque de quartier. 🙂
Ah la bibliothèque de quartier, moi, non plus je ne m’en passe pas!
C’est un peu dommage de voir le mot « arnaque » à presque tous les post ! Il y a une explication au fait que l’ebook peut être plus cher que le poche : les droits appartiennent à la maison qui possède le grand format. Or on ne peut pas faire d’ebook « poche » et d’ebook « grand format ». C’est donc la maison possédant le grand format qui propose le format numérique. Si elle faisait son livre numérique moins cher que le poche, le poche risquerait de perdre des ventes. Et donc de plus acheter les droits pour les prochains livres. Un beau cercle vicieux en perspective, puisqu’un grand nombre de maisons d’édition (notamment de littérature) ne survivent que grâce à l’achat de leurs textes en poche.
De plus, il faut que l’éditeur arrive à jongler avec les coûts du numérique (car contrairement au reportage d’M6, ce n’est pas parce qu’il n’y a plus de coût d’impressions ou de stockage que c’est tout bénef pour l’éditeur…) : le passage du pdf du livre papier à l’epub est loin d’être gratuit. Troisième point : Pocket, Pocket Jeunesse, Fleuve Noir mais aussi Belfond, Solar, Robert Laffont et j’en passe font partie d’un même groupe. Donc en plus d’une réflexion à l’échelle de la maison, il y a une réflexion au sein du groupe, ce qui ne rend pas les choses évidentes.
Quatrième point : au vu des ventes actuelles du numérique, l’éditeur n’est pas encore prêt à s’en mettre plein les poches…
En espérant ne pas me faire lyncher… 🙂
Non pas de lynchage promis ;).
Ici, ce sont les éditeurs poches qui proposent les ebooks et non des grands formats, il n’y a donc pas conflits d’intérêt pour moi. C’est pourquoi je ne comprends pas trop cette différence de prix. Le coût du numérique n’est pas gratuit, je l’entends bien mais quand je vois que Bragelonne pour citer une grosse maison d’édition arrive proposer un ebook à 4,99 € pour les livres qu’ils sortent en poche alors que certaines maisons d’édition les proposent à 11,99 €, j’avoue que je tique.
Mais c’est vrai que « arnaque » et « empochent » sont peut-être des mots trop forts, je me suis emballée en découvrant cela.
Certes, c’est la maison qui possède le grand format qui fixe le prix poche. Mais ce n’est pas une raison pour le fixer au delà de celui-ci. Je pense qu’un dialogue entre les 2 maisons permettrait justement d’établir un prix « commun ».
Pour ce qui est du coût du passage au numérique, désolé, il ne sera jamais supérieur à celui du passage au poche et ne justifiera donc jamais un prix supérieur.
Par ailleurs, rien n’empêcherais justement que ce soit la maison « poche » qui s’occupe du numérique, quitte à reverser les droits de même manière à la maisin grand format.
Par rapport à votre 4eme point, c’est justement le but des stratégies « groupes » dont vous parlez : utiliser des politiques tarifaires les plus absurdes, afin de minimiser les ventes ebooks, et ainsi de conserver leur contrôle (et « monopole ») sur tout l’aspect papier.
Le jour où le numérique représentera plus qu’une miette par rapport au reste, les éditeurs auront du mal à garder lecteurs, auteurs et critiques dans leurs poches.
C’est ce qui se passe actuellement aux US, et tout le domaine s’en trouve chamboulé.
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Bragelonne ne fait pas que du poche, ce qui lui permet d’avoir une balance plus confortable qu’un éditeur exclusivement de poche. Après ils ont peut-être aussi une politique qui les incitent à se positionner de manière plus « frontale » sur le numérique que d’autre.
SFReader : le problème des maisons d’édition poche et GF c’est qu’elles sont à la fois partenaires et concurrentes, ça m’étonnerait qu’elles arrivent à se mettre d’accord (d’autant que les poches auraient à gérer cet accord avec des dizaines de maisons GF…).
Je pense que le but n’est pas de minimiser les ventes ebooks, au contraire les grands groupes type Editis et Hachette sont en train d’investir des sommes très importantes dans le numérique. Il y a des opérations commerciales sur certains titres (j’ai encore reçu un mail d’Amazon il y a quelques jours me proposant un titre de chez First si je me souviens bien à 4,99 euros pendant une journée).
Après il y a aussi un autre point : la loi sur le prix unique du livre numérique. Or Apple impose une grille tarifaire si on veut être distribué par eux. On le sait, ce n’est pas vraiment un distributeur lambda 🙂 C’est aussi l’une des raisons de la hausse de l’addition. Et c’est aussi l’une des raisons pour laquelle Gallimard a refusé de signer avec Apple…
En tout cas une chose est sûre : pour l’instant les éditeurs ne gagnent pas d’argent avec le numérique !
Je n’étais pas au courant de cette politique ! C’est vraiment pas top ce système…
Oui, ça ne donne pas envie de passer au numérique, c’est dommage.
[…] Sources : Actualitte.com Le Blog d’Iluze […]
[…] background-position: 50% 0px; background-color:#602e60; background-repeat : no-repeat; } iluze.wordpress.com – Today, 4:58 […]