4ème de couverture
Frank est le fils de Lotte, tenancière de la maison close que fréquentent les forces d’occupation de cette ville moyenne d’Europe de l’Est jamais nommée, figée dans les pénuries, le froid et la sourde horreur des années de guerre. Il a 17 ans et les filles n’ont plus de secrets pour lui, puisqu’il a les pensionnaires de sa mère à disposition. Sans savoir ce qu’il cherche, Frank se laisse glisser sur la pente du banditisme, assassine, sans raison matérielle ni patriotique, un occupant particulièrement répugnant, vole et tue une vieille femme qu’il connaît depuis l’enfance, et plonge dans un avilissement que seule éclaire l’image idéalisée de Sissy, sa chaste voisine, éperdument amoureuse de lui. La déchéance volontaire peut-elle conduire à la rédemption ? C’est la question lancinante que soulève La neige était sale, le grand roman existentialiste de Georges Simenon, adapté avec brio par Jean-Luc Fromental et Bernard Yslaire.
La neige était sale
La semaine dernière, ma BD se déroulait pendant la 1ère guerre mondiale et celle-ci se penche sur la seconde (je dirais toujours seconde dans le sens où j’espère qu’il n’y aura jamais de troisième). Quelle folle ambiance sur ce blog récemment hein ?
La neige était sale est donc l’adaptation d’un roman de Simenon. Comme tout le monde, je connaissais cet auteur essentiellement pour ses romans policiers et son fameux commissaire Maigret mais il faut savoir qu’il a également écrit 117 romans, qu’il appelle ses « romans durs » qui ne sont pas des enquêtes de Maigret mais des romans où il montre sa vision sombre de la nature humaine.
Dargaud a eu la bonne idée de redynamiser ces romans plus méconnus en les adaptatant en bande dessinée. Après Le passager du Polarlys, 1er roman adapté, les manettes sont confiées pour cette deuxième histoire à Jean-Luc Fromental pour le scénario et Bernard Yslaire pour les illustrations.
J’avoue que c’est la présence d’Yslaire qui m’a donné envie de me pencher sur cet ouvrage. Ainsi que le titre qui correspondait au thème des bulles d’hiver.
Bon rentrons un peu dans le vif du sujet, j’ai vraiment eu du mal à me plonger au début dans l’histoire car Frank est une vraie crapule qui ne semble avoir aucun coeur ou empathie pour son prochain. Il prend tout ce qu’il veut et se fout des conséquences de ces actes. Si Simenon veut nous montrer la noirceur des êtres humains, là, pour le coup, c’est vraiment réussi et même assez repoussant. Le milieu est aussi bien sombre vu qu’on est en pleine occupation dans une maison close.
Mais l’histoire prend ensuite une tournure plus intéressante. Les regrets arrivent et on finit par vouloir vraiment savoir ce que va être l’avenir de ce jeune homme.
« La neige était sale », voilà un titre bien trouvé qui montre ce contraste entre la jolie neige blanche qui vient de tomber et la neige sale qui se mélange à la boue et qui répugne. Ce contraste qui rappelle les gentils candides d’un côtés et les bandits de l’autre et le fait aussi qu’on peut passer de l’un à l’autre et vice-versa.
A recommander
Les fans de polars, de romans noirs ou de Simenon
- Scénariste : Jean-Luc Fromental
- Illustrateur : Bernard Yslaire
- Titre : La neige était sale
- Edition : Dargaud
- Genre : BD
- Pages : 104
- Extrait à découvrir sur le site de Dargaud
C’est ma BD de la semaine sur le thème des Bulles d’hiver. Retrouvez les autres chroniques chez Fanny.
Cette lecture fait aussi partie du challenge Petit Bac 2024 avec le mot « sale », catégorie adjectif.
La BD est disponible sur Lirtuel, la plateforme de prêts numériques des Bibliothèques en Belgique Francophone.
j’avais bien aimé l’adaptation de Le passager du Polarlys, il faudra que je trouve celle là!
Je compte le lire également !
Je ne pense pas lire le roman mais cette adaptation graphique m’intéresse. L’auteur semblait avoir une vision sombre de la nature humaine même si heureusement, une certaine évolution est possible…
Le dernier article de Audrey Light And Smell : [Bilan] Semaine à lire – février 2024
Oui, c’est sur que Simenon, ce n’est pas la joie au premier abord mais il y a parfois un peu d’espoir dans ces écrits.
Si je la croise je la feuilletterai pour me faire une idée!
Le dernier article de Enna : Mojo : Rodolphe et Georges Van Linthout
J’adore les romans de Simenon. J’ai lu dernièrement « Le chat », un roman difficile et pourtant tellement prenant.
Je note le titre et j »espère que ma médiathèque l’a ou l’acquerra.
Le dernier article de Katell BOUALI : Les Quatre de Baker Street: le rossignol de Stepney
Le chat fut mon premier Simenon et je l’ai beaucoup apprécié également.
[…] à l’amour sous toutes ces formes… Eimelle Antigone Enna Nath Iluze Blandine Katell Mylène […]
N’étant pas du tout fan de Simenon, je me demande si je l’apprécierais davantage en BD.
Le dernier article de Jérôme : Le chantier – Fabien Grolleau et Clément C. Fabre
Alors, là, pas sûr, on y retrouve toute son essence quand même.
Je connais des romans de Simenon autres que ses policiers et c’est vrai qu’il est assez fort pour décrire la nature humaine. Je le préfère dans ce style là d’ailleurs.
La BD que tu présentes me plairait beaucoup.
Le dernier article de Fanny : Les âmes fendues – Xavier Bétaucourt & Jean-Luc Loyer
Je les préfère aussi. Il faut dire que je ne suis pas une grande fan de policiers.