J’ai décidé de lire davantage de livres qui ne sont pas des fictions. Pour bien faire, j’ai donc pris un titre qui traînait dans ma bibliothèque depuis mon adolescence. Il s’agit de Les quatre femmes de Dieu : La putain, la sorcière, la sainte et Bécassine de Guy Bechtel. Ce livre nous raconte comment l’Eglise s’est toujours méfiée de la femme et des quatre rôles qu’elle est censée avoir.
La putain nous montre à quelle point la femme est perverse. Sa libido est 1/3 supérieure à celle des hommes selon certains scientifiques. De là à ne considérer les femmes que comme des chiennes en chaleur, il n’y a qu’un pas que pas mal d’ecclésiastiques vont franchir.
La sorcière va évidemment nous reparler du péché d’Eve. La femme est plus tentée par le démon et donc par la magie. Après avoir longtemps été tolérée, les femmes (surtout celles en marge de la société) vont devenir le bouc émissaire des nombreux malheurs qui frappent l’Europe (hivers rugueux, famines,…). C’est ainsi que l’Inquisition naît et que des millions de personnes de sexe féminin vont subir la torture et la mort.
La sainte va enfin nous parler des femmes vertueuses et du long cheminement qu’elles vont devoir accomplir pour être reconnue à leur juste valeur par l’Eglise.
Enfin, Bécassine nous rappelle que la femme est inférieure à l’homme. Elle est plus charnelle, son cerveau est plus petit. Bref, elle est bête. C’est la partie qui m’a le plus remuée tellement les aberrations que posent certains philosophes ou clercs sur nous sont énormes.
En voici quelques passages :
Toute éducation des femmes doit être relative aux hommes. Leur plaire, leur être utiles, se faire aimer et honorer d’eux, les élever jeunes, les soigner grands, les conseiller, les consoler, leur rendre la vie agréable et douce : voilà les devoirs de la femme dans tous les temps et ce qu’on doit leur apprendre dès l’enfance.
Jean-Jacques Rousseau dans Emile ou de l’éducation
En tant que lectrice, j’ai également été interpellée par le grand danger que la lecture de romans semblait être au XIX et début du XXème siècle.
Vers 1900, Elizabeth de Gramont estime qu’une « femme qui lit un roman n’est déjà plus une honnête femme ».
Dans la même veine, Gustave Claudin nous explique que cette littérature n’est réservée qu’aux putains. Je me demande ce qu’ils penserait de moi !
Et les femmes écrivaines ?
Une femme ne doit pas écrire. Croyez-moi, ne faites pas de livres, faites des enfants.
Auguste de Kératry
Hop, retour à la case de poule pondeuse !
Fin du XIXème siècle, la société ne pouvait plus empêcher la femme de s’instruire (même si on tente toujours de lui inculquer ce qu’il faut penser). En revanche, elle peut encore batailler pour que la femme n’obtienne pas le droit de vote auxquelles certaines rêvent déjà.
Être épouse et mère de famille, tel doit être le rôle de la femme. Ce rôle est assez noble et beau, et doit remplir toute son existence. La femme ne doit donc pas envier l’homme parce qu’il est électeur et chercher à descendre l’arène politique où elle risque de perdre sa grâce et son charme. La vanité de posséder un diplôme s’acquiert souvent au prix du bonheur que lui aurait donné la famille et transforme la femme en être sans sexe et par là inutile.
Dictionnaire médical à l’usage des familles.
Remarquer l’ironie que ce qui est encensé ici (la grâce, le charme de la femme et son sexe) a été durant des dizaines de siècles l’élément rendant les femmes pécheresses.
Pour l’Eglise, les hommes et les femmes ne naissent pas égalitaires. La femme, en tant que descendante, d’Eve part déjà un handicap. Dès sa naissance, elle doit se racheter. Si ce portrait peut vous paraître morose, l’auteur n’exagère pas la situation .A chaque époque, il expliquera que la gente féminine a des alliés parfois minoritaires parfois majoritaires dans le clergé. L’auteur cite beaucoup ses sources et j’ai donc plutôt confiance dans son analyse.
Aujourd’hui, je suis contente de voir la revanche que la gente féminine a pris sur l’Eglise et je rêve de voir de mon vivant une papesse diriger les fidèles de Jésus. Mais peut-être suis-je encore trop optimiste…
Auteur : Guy Bechtel
Titre : Les quatre femmes de Dieu
Edition : Pocker
Genre : Essai
Pages : 438
Je partage ton optimiste ou plutôt ton envie mais je suis guère optimiste !
Cet essai a l’air très intéressant ais il doit être difficile de se retenir de sortir de ses gonts à chaque page à mon avis…
Quant à voir un jour une papesse… Je susi loin d’être aussi optimiste que toi.